Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 13h et de 15h à 19h.

Originaire de Redon et issu d’une famille paysanne, Jérôme Blin construit depuis plus de vingt ans une œuvre ancrée dans le quotidien, nourrie par ses origines rurales, son parcours ouvrier et une attention profonde aux territoires en marge. L’exposition présente un dialogue entre quatre séries emblématiques de son travail : Passage (2002), L’entretemps (2016), Voyage ordinaire (2016) et La promesse (2022). Chacune d’elles explore, à sa manière, les notions de transmission, de temps suspendu, de déplacement ou de choix de vie.

Originaire de Redon et issu d’une famille paysanne, Jérôme Blin a d’abord travaillé dans l’industrie avant de se tourner vers la photographie. Ce parcours personnel imprègne profondément son regard artistique, qui oscille entre une approche documentaire et une poésie visuelle ancrée dans le réel. En 2002, il réalise Passage, une série intime consacrée à ses parents, agriculteurs en Vendée, à l’aube de leur retraite. À travers des photographies en noir et blanc, Blin capte les gestes, les regards et les échanges sur la ferme familiale. Plutôt que de documenter techniquement le monde agricole, il met en lumière la relation entre l’homme et la nature, ainsi que les émotions liées à la transmission d’un savoir-faire. Deux décennies plus tard, Passage trouve un écho nouveau dans une exposition conjointe avec Claudine Doury à la Galerie Le Lieu à Lorient, en 2022, explorant le thème du passage à l’âge adulte. Dans cette continuité, Blin développe en 2016 la série L’entretemps, exposée cette même année aux Herbiers puis en 2018 au festival Regard à Cergy. Il y interroge la suspension du temps dans le quotidien, en mettant en scène des instants ordinaires empreints de mystère. Refusant la posture du reportage ou de la dénonciation, il s’attache à faire émerger la beauté silencieuse de ces moments en suspens, questionnant notre perception du réel et de la temporalité. Cette même année 2016, il réalise également Voyage ordinaire, un travail centré sur les trajets nocturnes des travailleurs aux horaires décalés, dans la ville de Saint-Nazaire. En se glissant dans leur peau, Blin photographie des lieux familiers dans un état de semi-conscience, entre veille et sommeil. Les images révèlent une solitude diffuse, transformant ces déplacements quotidiens en une forme de cartographie mentale. En 2017, cette série est intégrée dans un projet collectif publié aux éditions Le Bec en l’air, aux côtés d’œuvres de Charles Fréger, Ambroise Tézenas et Denis Dailleux, chacun proposant une vision singulière du “voyage ordinaire”. En 2022, Jérôme Blin revient aux thématiques rurales et aux questionnements identitaires avec La promesse, créée dans le cadre de la résidence «Ruralité(s)» du Festival Photo La Gacilly. Il y explore les dilemmes des jeunes bretons vivant en milieu rural, partagés entre l’enracinement et l’exil. Ses portraits – d’apprentis, d’étudiants, de jeunes travailleurs – saisissent avec délicatesse une jeunesse en transition, dans des espaces quotidiens empreints de mélancolie. La série a été exposée aux Champs Libres à Rennes, puis au Festival La Gacilly et à son édition autrichienne à Baden. En 2025, elle poursuivra son chemin à Redon, dans le cadre d’un projet pédagogique. Un livre, publié par les éditions Sur la Crête, et l’acquisition de plusieurs portraits par le Musée de Bretagne, viennent consacrer l’importance de ce travail dans la représentation contemporaine de la jeunesse rurale.