C’est l’histoire d’un territoire vécu et traversé, celui de la vallée de La Romanche, affluent de l’Isère. Aux paysages de la haute vallée Sandrine Expilly associe les portraits des hommes qui la composent. Ces portraits ont été installés en extérieur sur les murs des bâtiments et sur les maisons tout au long des vingt kilomètres de la route iséroise départementale D 1091. « La petite route de l’Oisans» m’a vue grandir. De Vizille, nous l’empruntions pour rejoindre les très hautes montagnes du massif, allers-retours en voiture, brouillard tardif dans la vallée, parois rocheuses gigantesques, usines, rivière impétueuse, beauté de crêtes. Nous nous arrêtions rarement, peu de personnes s’arrêtent là. La route reliant le péage de Vizille au lieu-dit Rochetaillée, traverse l’étroite vallée de la Romanche, appelée aussi val de Livet ou gorges de la Romanche. Cette route oscille entre le charme désuet des centrales hydroélectriques et des usines désaffectées, la beauté à la fois sublime et abrupte des montagnes gigantesques et la laideur des restes industriels et des commerces désertés comme autant de traces d’une riche
histoire industrielle et humaine. La montagne m’a élevée, ses parois comme des bras m’ont entourée. Regarder le soleil à travers un cristal de roche découvert au détour d’un chemin n’a jamais cessé de m’éblouir.

Biographie :

Sandrine Expilly est une photographe française née à Grenoble, vivant et travaillant à Paris. Après des études en lettres modernes, elle est diplômée des Arts Appliqués Duperré à Paris. Elle débute sa carrière photographique au journal Libération en 1997, ce qui l’oriente vers le portrait en interaction avec son environnement et la mise en scène.​ Son travail personnel explore les domaines de l’intime et de l’empreinte, à travers une collection de lieux et d’objets à travers le monde. Elle mène également une recherche personnelle sur le paysage, notamment sur la relation que l’homme entretient avec la nature et le divin.​ Parmi ses œuvres notables, la série VAL (2016–2018) documente la vallée de la Romanche, entre Grenoble et Le Bourg-d’Oisans, mêlant portraits d’habitants et paysages industriels et naturels. Ce travail a été publié aux éditions Trans Photographic Press en 2018 et exposé dans le cadre du programme Paysage > Paysages en Isère En 2023, elle publie Insulaire, sur les traces de Saint-John Perse aux éditions Gallimard, accompagnant une exposition présentée à la Galerie Gallimard à Paris et à la fondation Saint-John Perse à Aix-en-Provence. Ce projet s’inspire des poèmes de Saint-John Perse et explore la frontière entre paysages documentaires et oniriques.​