Cynthia Charpentreau
Rosetta
En 2004, l’agence spatiale européenne lance la sonde Rosetta pour recueillir des données sur la comète 67P / Tchourioumov-Guérassimenko.
Les comètes sont des corps célestes composés en partie de glace d’eau qui, à l’approche du soleil, se subliment en surface sous l’action du rayonnement solaire.
De la même façon, en travaillant avec le soleil comme source directe, (photogramme solaire non révélé mais fixé), j’ai produit une collection d’images de comètes imaginaires – corps presque incandescents interrogeant l’insaisissable et le déchiffrage de l’inconnu. Ainsi mon projet Rosetta célèbre-t-il d’une façon poétique et ironique, les vues recueillies par la sonde spatiale.
Ne pouvant aller moi-même dans l’espace, j’ai découvert la possibilité d’imaginer/ imager ce voyage des comètes à l’approche du soleil. Irradiées, luminescentes, fragiles… Ces images ne sont pas le résultat d’un véritable voyage spatial, et pourtant elles produisent un certain effet de réel.
Dans le cadre de la recherche scientifique, la photographie n’est pas seulement un objet d’étude, elle a souvent valeur de preuve. Mes visions, créées avec les moyens du bord – du papier et du soleil – interrogent la vérité de ces images qui nous viennent from outer space.
Ce bricolage compose peut-être les éléments d’une rêverie permettant d’imaginer d’autres façons d’incorporer à la réalité de la recherche spatiale une certaine épaisseur d’humanité…
L’ingénieur cherche toujours à s’ouvrir un passage et à se situer au-delà, tandis que le bricoleur, de gré ou de force, demeure en deçà, ce qui est une autre façon de dire que le premier opère au moyen de concepts, le second au moyen de signes.
[…] Une des façons… dont le signe s’oppose au concept tient à ce que le second se veut intégralement transparent à la réalité, tandis que le premier accepte, et même exige, qu’une certaine épaisseur d’humanité soit incorporée à cette réalité.
La pensée sauvage. 1960 Claude Levis-Strauss