Médiations 2015/2016
Accompagnée de Claude Belime, Maud Faivre est intervenue au lycée Bonsecours de Perpignan. La première réunion de mise en forme de l’intervention a eu lieu début février, deux projets étaient proposés conjointement.
Ensuite, Claude Belime est intervenu devant les élèves de la classe de seconde de la professeure Karine Tempier-Terrats ainsi qu’au Secours Catholique, le 7 mars pour mettre en place les deux actions, expliquer leurs déroulements et ouvrir les jeunes à la pratique de la photographie notamment avec un appareil argentique (données techniques, utilisation, protocoles…). Puis le 14, pour accompagner les élèves sur le chemin vers le secours catholique puisque l’idée était de mélanger les deux publics ; ainsi que pour lancer la campagne de prise de vue par tous les membres de la communauté éducative pour le mur d’images.
– Un mur d’images pour documenter la diversité
Le Lycée Notre dame de Bon Secours est un établissement qui accueille des élèves et du personnel enseignant et administratif venant d’un vaste territoire ; chacun apporte son identité et c’est l’apport de chacune de celles-ci qui fait la complexité, la richesse et la force de la communauté.
Dans une approche documentaire, nous proposons à l’ensemble de la communauté éducative (élèves, professeurs et personnel administratif) de participer à cette mise en évidence par la mise en images de la variété et de la richesse des paysages (urbains ou non) qui constituent leurs lieux de vie.
Le paysage est une construction culturelle complexe qui associe lieux et cultures. La multiplicité des paysages rend compte de la multiplicité et de la diversité des personnes du collectif. C’est cette diversité et ce mélange qui constituent le patrimoine humain et culturel fondamental de la collectivité.
Chaque personne est appelée à faire une prise de vue avec un appareil numérique. Pour favoriser la variété et une certaine objectivité, nous vous demandons d’appliquer un protocole précis aux prises de vues.
L’ensemble des photographies ainsi obtenues sera présenté sous forme d’un mur-mosaïque d’images mettant en évidence la variété qui signe la richesse de l’ensemble de la communauté éducative de l’établissement.
Il est important de suivre un protocole, le but n’étant pas de faire de « belles » images, mais des images avant tout documentaires. Ainsi il est fort probable que nous ayons dans l’ensemble des images, des poubelles municipales, des hangars, des maisons, des rues… mais aussi la mer, les arbres, la montagne…
Protocole :
Photographes : élèves, professeurs et personnel administratif, 1 photographie par personne
Appareils photographiques : personnel
Période de prise de vue : 7 mars au 15 avril 2016
Réalisation : les prises de vue devront être faites à hauteur de vue, si possible de face par rapport au paysage et directement à la sortie de l’habitat de chacun. On peut laisser comme marge, 50 mètres à droite et à gauche le la sortie de la maison ou de l’immeuble.
Remarque : Prise de vue frontale et éviter l’utilisation d’un grand-angle.
Les images numériques seront collectées (en salle des professeurs, à l’animation, au CDI, à la Vie Scolaire, à l’Administration) par K. TEMPIER (référent projet), A.MORENO, J. RESTIVO, P.MORIN, A. LLANTA, E. GARCIA, P. GRILLOT, M. MANCINI, AI COURTEL.
Résumé : Vous sortez de chez vous et vous faites une image, debout, face à ce qu’il y a devant…
Chacun un paysage, un paysage pour tous – Faites une photo devant chez vous
Quelques images :
– Ping Pong Conversation
« Un petit rond pour observer le grand univers »
Le protocole :
Dans une boîte se trouve un appareil photographique argentique chargé d’un film noir et blanc, ainsi qu’un carnet de notes et un stylo.
Le territoire à explorer se situe entre le Lycée Bon Secours et le Secours Catholique.
Le premier élève photographie une première image sur ce parcours. Il décrit ensuite celle-ci de mémoire dans le carnet. La description est libre : phrases, mots-clés ou croquis.
L’élève suivant s’empare de l’appareil photographique et du carnet et, en fonction de ce qu’il y comprend et interprète, prend à son tour une image, avant de confier appareil et carnet au troisième élève de la chaîne. Et ainsi de suite.
À la trente-sixième pose, la pellicule est développée et on découvre enfin les images.
Celles-ci ont entre elles un lien géographique, mais aussi, suite aux annotations du carnet, formel et thématique.
Dans l’ensemble des images produites, la végétation comme les graffitis sont des motifs fréquents. Barrières, portails, grillages ponctuent la planche contact, mais y surgissent également un vélo suspendu, une fontaine d’amour ou un œil colossal : le banal côtoie l’onirique.
C’est à partir de ce corpus photographique hybride que les élèves, regroupés par quatre ou cinq, se sont réapproprié ces images pour raconter leur histoire. Et c’est ainsi qu’avec des outils simples et accessibles (papier, photocopies, colle, ciseaux et scotch), ils ont réalisé les cinq maquettes de livres ou d’affiches, maquettes toutes singulières et surprenantes dans leur forme et dans leur contenu qui ont été exposées pendant la journée de la Foire d’Art Contemporain qui a eu lieu le 13 mai au lycée.
Chronologie :
Lundi 21 mars, 11h à 12h30 :
Présentation du travail artistique de Maud Faivre sous forme de projection aux élèves et enseignants participant au projet Alter-Égaux. Présentation de la chambre photographique, en regardant sur le verre dépoli l’image qui se reflète à l’envers.
Récupération la première bobine, la développe et en tire la planche contact.
Mardi 22 mars, 13h à 17h :
Découverte par les élèves de la planche contact et des images réalisées. Discussions autour de ces images. Agrandissements par photocopie des photographies de la planche contact.
Récapitulatif autour du projet Ping Pong Conversations, questions-réponses.
Présentation des différents modes de reliure à travers des références de livres de photographes : journaux de Little Brown, Mushroom (Alec Soth et Brad Zellar), Paloma al aire de Ricardo Cases, Noroc de Cédric van Turtelboom, Holy Bible de Broomberg & Chanarin, In The Car With R de Rafal Milach, You Haven’t Seen Their Faces de Daniel Mayrit.
Les élèves se regroupent par 4 ou 5 et commencent à éditer les images et à réfléchir à un thème sur lequel travailler à partir des photographies et des textes déjà réalisés.
Lundi 9 mai, 11h à 12h30 :
Discussions, réflexions autour des maquettes réalisées et améliorations éventuelles. Rédaction des textes d’intention des projets par chaque groupe d’élèves.
Vendredi 13 mai, 10h à fin de l’exposition :
Avec Vincent, montage de l’exposition Ping Pong Conversations et de la Mosaïque des Paysages. Présentation au public des maquettes et de la mosaïque sur table et projection du livre collectif, lors de la foire d’art contemporain.
Remarques :
Le livre collectif regroupe l’ensemble des prises de vues et des textes réalisés par les élèves suivant le protocole décrit sur la fiche de présentation. L’ordre ainsi que les textes ont été retravaillés avec Karine Tempier-Terrats pour aboutir à une autre histoire. Une histoire du quartier vu par les élèves.
C’est ainsi qu’un protocole strict (= territoire à explorer prédéfinit et succession des images réalisées en prenant en compte la précédente) est intéressant, car il amène une cohérence dans le corpus de photographies, tout en acceptant des libertés d’interprétation et de remise en forme texte-images.
La richesse du corpus d’images a permis la diversité d’approche des livres réalisés par les élèves. Et c’est ainsi qu’une photographie, selon le contexte dans lequel elle est amenée, peut avoir des sens différents.
Quelques images :
Ensemble,
Vivre ensemble, partager, construire un commun, ouvrir sur de nouvelles
perceptions, construire un avenir, avancer dans notre imaginaire et notre compréhension du monde, c’est quelques’un des défis de l’art. La photographie, dans ce qu’elle est indexée au réel et l’une des plus belles, mais aussi des plus complexes voies pour nous ouvrir au monde.
Que ce soit en voulant représenter la multitude des paysages qui sont les nôtres comme représentation de la richesse, de la complexité et de la valeur d’une communauté comme celle du Lycée Notre dame de Bon Secours par la réalisation d’une mosaïque ;
Que ce soit en interrogeant notre proche environnement pour nourrir nos imaginaires personnels et ensemble réaliser une œuvre commune ;
Que ce soit en créant des liens entre des univers qui parfois s’ignorent, en essayant de relier les jeunes du lycée à ceux qui fréquentent le Secours Catholique ;
Ce projet est une pierre ou plutôt représente un souffle que l’art peut insuffler à l’édification du monde de demain.
Il nous faut réenchanter le monde.
Ces deux projets ont été réalisés grâce à une excellente collaboration entre Lumière d’Encre (Céret) et sa résidente, le Lycée Bon Secours et le Secours Catholique (Perpignan), dans le cadre du projet Alter Égaux dirigé par Karine Tempier-Terrats.
Remarque :
Si le projet est une réussite sur presque toute la ligne, il ne faut pas négliger qu’un des objectifs secondaires était de faire rencontrer des jeunes du lycée privé Bonsecours et des jeunes fréquentant le Secours Catholique autour d’un projet photographique. Un seul jeune du côté du Secours Catholique a participé. Ce n’est pas suffisant et nous avons convenu de la plus grande difficulté à faire participer un public qui cherche d’abord à survivre. Pour y réussir, il nous semble important d’accroitre en amont l’implication dans l’organisme d’aide. Des considérations extérieures (retard au démarrage du projet, maladie de la référente au sein du Secours Catholique…) ont rendu difficile la réalisation de cet objectif. Mais à contrario, malgré ces difficultés, la coopération fut très bonne et a permis de belles réalisations.
Tot s’hi val au Palais des Rois de Majorque :
Dans le cadre de la semaine des Droits des Femmes, Lumière d’Encre a présenté, le 11 mars, le travail réalisé en résidence au Lycée Déodat de Séverac pendant l’année 2014-2015 de l’artiste Lénaïc Gras sur la prostitution. Ce travail réalisé avec des élèves de seconde économique et social a abouti à la publication d’un livre numérique qui a reçu le premier prix.
Cette présentation devant des jeunes et lycéens des Pyrénées orientales à eu lieu au palais des Rois de Majorque lors d’une journée thématique sur la lutte contre la prostitution. Cette journée s’est faite sous la présidence de la présidente du Conseil Départemental et de la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées et de la lutte contre les exclusions qui a fortement soutenu le projet.
Photographes, créateurs de paysages au Collège Pierre de Coubertin de Font Romeu :
Dans le cadre des « objectifs découverte » du Parc Naturel Régional des Pyrénées catalanes, nous sommes intervenus dans la classe de 6éme de Catherine Basso, professeur de français.
Via la photographie, les enfants seront amenés à découvrir des paysages de leur environnement proche, à jouer avec leurs composantes, afin d’exprimer ce que ces paysages font résonner dans leur imaginaire. Ils apprennent des éléments techniques de la photographie (ouverture, profondeur de champ, perspective…) d’une façon ludique et font appel à leur créativité en recomposant des scènes miniatures à partir d’objets détournés.
Avec leur enseignant, les enfants créent une histoire, puis avec l’aide de l’artiste, ils réalise un storyboard puis créent les images qui l’illustre en Interprétant leur environnement à leur manière. Ceci permet aux élèves de s’y inscrire (dans le temps et l’espace) et de mieux percevoir nos représentations culturelles ainsi que la subjectivité du regard photographique.
La restitution se fait en éditant un livre, téléchargeable ici.
Quelques images :